« La fabrique de l'écrivain » retrace la formation littéraire de Ramón Gómez de la Serna, auteur réputé inclassable précisément parce que les origines de son oeuvre sont méconnues. Contrairement à l'idée reçue selon laquelle Ramón serait devenu écrivain par génération spontanée, cet ouvrage s'intéresse à la façon dont il devint le centre d'un réseau, à l'enjeu des rencontres qui l'amenèrent à occuper cette position, aux admirations et aux modèles qu'il n'a pas toujours reconnus, préférant diffuser de lui une image unique de créateur visionnaire et précurseur des avant-gardes en Espagne. La formule du succès ramonien, la « greguería », naît dans le cadre des années dix, une décennie longtemps plongée dans l'oubli historiographique, qui est pourtant un creuset où les héritages du siècle passé se décantent et où naissent de nouvelles formes littéraires. La prose ramonienne s'inscrit dans cette modernité lato sensu, offrant à un public de plus en plus large son écriture singulière.