Argumento de Un Parlement de Papier
Entre 1966, date de l'entrée en vigueur de la loi Fraga sur la presse, et 1975, année de la mort de Franco, tout un secteur de la presse espagnole légalement reconnue fut utilisé par l'opposition de gauche dans son combat pour l'instauration d'un régime démocratique. Les quotidiens étant étroitement surveillés par la censure, c'est surtout la presse périodique qui fut le foyer de cette contestation. Les racines de la démocratie espagnole contemporaine sont donc à rechercher dans les pages de ces revues -Cuadernos para el Diálogo et Triunfo, mais aussi Andalán, Asturias Semanal, Presència et Serra d'Or- qui, ne pouvant à l'évidence affronter le pouvoir sur le terrain politique, choisirent de déplacer le combat vers le domaine culturel et social. Paradoxalement, alors que l'histoire leur avait donné raison, la plupart de ces organes de presse disparurent peu après 1975, victimes de cette transition démocratique qu'ils avaient pourtant appelée de leurs vux. Leur histoire ne se résume donc pas à une banale histoire de presse : elle est, d'une part, celle d'une lutte politique qui passa par la plume à défaut de pouvoir passer par les urnes et, d'autre part, celle d'une reconversion manquée au lendemain de la mort de Franco.1