Composé en 1425 par l?un des protagonistes de la dispute de Tortosa (1413- 1414), le Sefer ha-?Iqqarim compte, au sein de la littérature hébraïque, parmi les écrits les plus remarquables des XIVe et XVe siècles. Sa rédaction s?inscrit entre les persécutions de 1391 et l?expulsion de 1492, période qui fut marquée, en Séfarad, par de très nombreuses conversions. Dans la lignée de Sa?adya Gaon (882-942), de Maïmonide (1135-1204), et de Hasdaï Crescas (ca. 1340 ? ca. 1410), Yosef Albo interroge les « Principes » du judaïsme en soulignant leur singularité et en affirmant, dans ces circonstances particulières, leur pérennité. Les références au christianisme sont omniprésentes dans son propos, mais le plus souvent indirectes. Le chapitre III, 25 s?y distingue donc en offrant une réponse explicite, et solidement argumentée, au discours d?un « sage chrétien » qui opposait les enseignements de Jésus à la loi de Moïse. Avec leurs particularités respectives, la critique et sa réfutation renvoient à l?ensemble de la tradition polémique juive et chrétienne. Le texte hébreu du chapitre s?accompagne ici de sa première traduction française ainsi que de commentaires mettant en évidence sa fonction dans le livre et sa spécificité dans le vaste corpus des écrits de controverse judéochrétienne.