La rédaction de l'Histoire est une prise de position autant qu'une satisfaction personnelle pour les écrivains des XIVe et XVe siècles qui voient dans un livre dédié au souverain une occasion de lui donner des leçons de gouvernement. Cela se vérifie en Castille aussi bien que dans les autres États de l'Occident, dans des décennies de profonds troubles politiques. Les historiographes y possèdent une solide culture humaniste, ils savent et aiment écrire, et ils sont tous engagés dans la vie politique. L'histoire de leur Castille, les chroniques des rois, les traités, les portraits des hommes illustres qui ont marqué les générations écoulées, tous ces textes sont des messages envoyés à leurs lecteurs, qui ont la charge du royaume ou qui prétendent participer au gouvernement. Pero López de Ayala, Fernán Pérez de Guzmán, Diego de Valera, Pedro Carrillo de Huete, Alfonso de Palencia, Hernando del Pulgar se penchent tour à tour, à la demande de la cour ou de leur pleine initiative, sur le déroulement des règnes qu'ils connaissent, auxquels ils participent, contre lesquels ils ont souvent des reproches à formuler et pour lesquels ils se donnent volontiers le rôle de censeurs. Cette élaboration de l'Histoire peut être suivie dans le présent ouvrage ; l'histoire de la Castille devient un message politique, avec des arguments, des exemples choisis et toujours des réflexions devant servir aux générations futures.